LA CHRONIQUE DE MARK TUNGATE : Les défenseurs de la vérité
Le 3 mai a eu lieu la journée mondiale de la liberté de la presse : une bonne opportunité pour regarder comment agit le monde publicitaire pour promouvoir la liberté d’expression.
Avec les fake news de la propagande de guerre russe sur l’invasion en Ukraine, la vérité n’a jamais été aussi difficile à trouver. Mais dans ce labyrinthe digital moderne, il y a toujours des journalistes qui s’évertuent à déterrer et diffuser des faits, parfois au risque d’un emprisonnement, voire pire.
Les agences utilisent des idées aussi intelligentes que révélatrices pour sensibiliser à cette problématique. Prenez la récente initiative de Reporters sans Frontières et DDB Berlin, “The Truth Wins” (la vérité gagne). Destinée à des pays comme la Russie, la Turquie ou le Brésil, la campagne a transformé quelque chose qui ne sera jamais contrôlé (les résultats de la loterie nationale) en un code qui donne accès à un fil d’info Twitter non-censuré. Mais le film explique cela encore mieux.
La liberté d’expression est constamment ménacée aux Philippines, là où bon nombre de journalistes ont été tués. Pour protester, le syndicat national des journalistes (NUJP) s’est associé à Ace Saatchi & Saacthi pour créer une idée simple et soignée, en utilisant ce que nous avons tous porté ces derniers mois, à savoir les masques.
Prochaine étape dans ces pays troublés : le Nicaragua où le gouvernement a déclaré la guerre au journal La Prensa, depuis 2018. Les choses ont dégénéré au point que les autorités ont confisqué l’encre du journal. Mais le titre a alors transformé le problème en une solution qui a trouvé un bel écho sur les réseaux sociaux.
Saviez-vous qu’au Brésil, des recettes de cakes symbolisent la censure sur la presse ? C’est parce qu’elles ont été imprimées à la place d’articles jugés trop dangereux pour être diffusés par le gouvernement. L’année passée, FCB Brésil a transposé cette image dans le numérique grâce à Twitter et à la blockchain. Des “cakes NFT” ont été créés pour marquer ces “incidents” de censure sous forme d’art; et grâce à la magie de la blockchain, il ne pourront jamais être effacés. C’est ainsi que fonctionne “Sweetblock”.
Publicis Mexico a réalisé différentes version de sa campagne #stillspeakingup (#ilsparlenttoujours) qui donne à nouveau la parole à des journalistes assassinés. L’agence a d’abord ressuscité leurs comptes Twitter comme s’ils étaient toujours en vie, avec des auteurs fournissant leurs “voix”. Puis en 2020, l’agence a utilisé une intelligence artificielle pour ramener Javier Baldez, journaliste tué, à la vie. Le discours suivant a été diffusé le Jour des Morts au Mexique.
De retour en Europe, DDB Berlin et Reporters sans Frontières sont aussi derrière une autre campagne multiprimée dans ce domaine : The Uncensored Library (La bibliothèque non-censurée). Elle a généré, sur Minecraft, de l’engagement auprès d’une audience jeune au sujet de la liberté de la presse.
Pour terminer sur une note plus légère (mais toujours pertinente), voici un film de la chaîne de télé Deutsche Welle sur ce qui empêche les autocrates de bien dormir la nuit. Pouvez-vous deviner de quoi il s’agit ?